Un acteur incontournable pour la fabrication de la ville et des territoires de demain

Le paysagiste concepteur est capable d’intégrer l’ensemble des enjeux propres à un territoire en s’appuyant sur une large culture scientifique et technique.

À la croisée des disciplines

Pour être pertinente, toute intervention sur le territoire se fonde sur une lecture à la fois savante et sensible du paysage afin de décrypter sa composition, ses valeurs et ses faiblesses. Le paysagiste concepteur fait donc appel à des disciplines scientifiques – historiques, sociologiques, économiques – ou artistiques. Combinées ensemble, ces références l’aident à construire un projet ancré sur un argumentaire solide autant que sur la capacité inventive du concepteur. Ce couplage de l’ancrage et de la créativité fonde la démarche paysagère.

Les caractéristiques naturelles d’un paysage s’expliquent par sa géologie, sa géomorphologie, sa pédologie, son écologie mais aussi son hydrographie et sa climatologie. Chacune de ces disciplines apporte des éléments de compréhension sur sa formation, ses évolutions et sa transformation possible.

De la même façon, interroger l’histoire d’un lieu et comprendre sa constitution progressive peuvent être déterminant pour le projet. Il est important de comprendre comment ont évolué les paysages au fil du temps, comment les hommes ont agi sur eux.

Nourrir le processus d’un projet de paysage par les apports de l’analyse sociologique permet de situer les acteurs de ce paysage dont les modes de vie le façonnent et le construisent (urbanisme). Ces disciplines aident aussi à appréhender les changements de comportement en matière de mobilités.

Pour agir dans le paysage, savoir mobiliser les déterminants économiques se révèle indispensable.Les logiques économiques imprègnent nos paysages. L’économie commerciale et industrielle s’affiche sans pudeur aux franges de nos villes ; l’économie agricole dessine nos campagnes ; l’économie touristique marque nos côtes littorales, nos montagnes et nos villes patrimoniales ; l’économie énergétique trame et ponctue notre territoire.

Il est enfin essentiel de porter un regard esthétique sur le paysage. Si le « beau » est l’objet d’une appropriation subjective, celle-ci est aussi de nature culturelle. Liée à notre mémoire collective et aux héritages, elle peut ainsi se partager. Parler de la qualité d’un paysage, c’est évoquer son harmonie, une composition cohérente qui a du sens dans son environnement et pour une communauté donnée.

En convoquant toutes ces disciplines, en les interrogeant au prisme du paysage, le rôle du paysagiste concepteur s’apparente à celui d’un généraliste capable de clarifier leur complexité pour agir sur le territoire en ménageant un juste équilibre entre les valeurs économiques, environnementales et sociales.

La démarche paysagère au service des grands défis contemporains

La démarche paysagère menée par le paysagiste concepteur est une démarche de projet innovante mixant concertation, créativité et ancrage territorial. La singularité de cette approche globale permet au paysagiste d’être force de propositions face aux grands défis de nos sociétés :

Le «Paysagiste Concepteur» est le concepteur et le maître d’œuvre d’études et de projets qui s’étendent du jardin au territoire. Son champ d’action est large et varié, couvrant sept grandes catégories dans les échelles de son intervention : les jardins, les espaces publics, l’urbanisme opérationnel, les grandes infrastructures, les espaces naturels, culturels et ruraux, la planification, le grand territoire. A chacune de ces catégories correspond un éventail de commandes de natures différentes.
Sans cloison entre ses différentes missions, le paysagiste concepteur est amené à articuler en permanence une échelle à l’autre, du grand territoire à la parcelle.

Il est complémentaire et partenaire des autres métiers de la conception et de la maîtrise d’œuvre : écologue, architecte, urbaniste, ingénieur… avec lesquels il partage le projet d’aménagement.

(Le terme de « Paysagiste Concepteur » est utilisé ici à défaut d’une reconnaissance en France du titre d’architecte-paysagiste, reconnu dans tous les autres pays francophones et par les organisations internationales. Depuis 1965, «architecte paysagiste» est inscrit au registre des professions reconnues par le Bureau International du Travail dans la version française [Landscape architect en anglais]).

  • En pensant en amont la gestion des espaces, en estimant les coûts globaux et en privilégiant des aménagements sobres, il participe à la maîtrise des coûts et des budgets contribuant ainsi à une économie plus soutenable.
  • En conduisant des démarches de reconquête, de restauration ou de requalification, il redynamise et renforce l’attractivité et la vitalité des territoires.
  • En concevant de manière sensible, il améliore le cadre de vie et favorise le bien-vivre ensemble.
  • En intégrant l’esprit du site comme valeur fondamentale du projet, il poursuit la mémoire des lieux et des hommes qui les ont construits.
  • En menant les projets par la concertation, il contribue à l’acceptabilité des transformations du cadre de vie et favorise la cohésion sociale.
  • En prenant en compte les usages, il conçoit des espaces publics partagés, négociés et mutualisés.
  • En offrant des espaces de nature en ville, il contribue au bien-être et à la santé des populations.
  • En réorganisant les mobilités en faveur des déplacements doux et actifs, il favorise les changements de comportements dans les déplacements.
  • En rendant les surfaces plus perméables, il prévient les catastrophes naturelles liées à une artificialisation excessive des sols et réduit les coûts très lourds de réparation et de dédommagement (prévention des inondations et de l’érosion des sols, gestion des eaux de pluie).
  • En concevant des espaces publics abondamment végétalisés, il diminue les effets du réchauffement climatique et régule efficacement la température dans les villes.
  • En rétablissant les corridors écologiques, il restaure le vivant et lutte contre la perte de biodiversité.

Ses missions

Le paysagiste intervient en amont des projets :

  • Assistance à la maîtrise d’ouvrage et programmation urbaine
  • Diagnostic, définition des enjeux d’un territoire
  • Plans d’actions, programmation d’espaces publics, de parcs et jardins
  • Charte paysagère

A l’échelle du grand territoire :

  • Planification  : SRADDET, PCAET, SMVM, SCOT, PLUI, PLU, Loi Littoral, Loi Montagne
  • Atlas des Paysages, Plans de paysage, Atelier des Territoires
  • Plan de gestion UNESCO, Opération Grand Site, chartes, études d’impact
  • Production et transport d’énergie (ENR)
  • Transports : autoroutes, voies ferrées, tram-train, canaux
  • Carrières, Friches industrielles

A l’échelle de la ville et du quartier :

  • Grand projet métropolitain, Trame paysagère, schémas directeurs,
  • Espace public: aménagement de bourgs, de coeurs de villes
  • Espaces péri-urbains, agriculture de proximité, jardins familiaux
  • Conception urbaine : éco-quartiers, zones d’aménagement concerté (ZAC), lotissements,…
  • Transports urbains :  gares, tramway, pistes cyclables, stationnements
  • Aménagement de zones d’activités, sites industriels et portuaires
  • Réhabilitation de quartiers (renouvellement urbain)

A l’échelle du jardin :

  • Public: squares, parcs et jardins, golfs, terrains de sports…
  • Privé: particuliers, entreprises, associations,…

Le paysagiste et le participatif

Le paysagiste, par sa capacité à travailler avec le vivant et les dynamiques de paysages ainsi qu’à explorer les lieux habités et à les comprendre, est enclin à échanger et agir avec les communautés humaines.

Le Paysagiste-guide

Que cela soit dans la faisabilité ou les études de programmation, le paysagiste est l’interprète des paysages et devient en ce sens un «guide» de site et de projet (schémas directeurs, chartes paysagères…).

Visiter et parcourir, ensemble

Il est crucial d’avoir à visiter des sites de manière organisée et de pouvoir en tirer une analyse partagée. Pour cela, le paysagiste questionne et provoque le débat sur le choix des sites d’implantations ; prépare et met en scène des visites partagées ; synthétise les réactions et anime les débats.

Du détail au général et du général au détail

Acteur de l’aménagement public, le paysagiste est soucieux de la réponse faite à l’intérêt général. Sachant que le paysage est le reflet d’une organisation globale et de modes d’installations particulières, le paysagiste est sensible à la cohérence des ensembles. Il est particulièrement sensible à l’intégration des demandes individuelles et aux enjeux de l’intérêt commun.

La concertation est un métier,…

Le paysagiste intègre la concertation dans son approche de projet comme un outil nécessaire à la compréhension d’un territoire, à la démarche de conception ainsi qu’à la communication et la pédagogie du projet.

… et le paysagiste un passeur

Quelques outils pour une démarche participative

  • Atelier de travail avec les conseils municipaux/intercommunaux et responsables d’associations
  • Entretiens collaboratifs avec des habitants
  • Visites commentées
  • Lectures de paysage

Paysagistes Conseils de l’Etat

Les Paysagistes-Conseils de l’Etat sont des paysagistes maîtres d’oeuvre indépendants. Ils exercent par ailleurs, pour le compte de l’Etat, une mission de conseil auprès des services déconcentrés, DDT(M) (Directions Départementales des Territoires (et de la Mer) et DREAL (Directions Régionales de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement).

Au sein des services, ils sont appelés à tenir un rôle de conseil, d’éclairage professionnel et de pédagogie.

Ils sont regroupés au sein d’une association, l’APCE, dont les rôles principaux consistent à être l’interlocuteur qui fédère les Paysagistes-Conseils auprès du Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable, et de l’Energie (MEDDE), et du Ministère du Logement, de l’Egalité des territoire et de la Ruralité (MLETR). site : http://www.paysagistes-conseils.org