L’écologie est affaire d’économie. Certes, entre les deux visions les frictions sont et resteront nombreuses. Mais peut-on raisonnablement penser et organiser la transition écologique sans prendre en compte l’économique, c’est-à-dire aussi les impacts sociaux de cette transition (chômage, inégalités…) ? Et comment cette dialectique s’inscrit-elle dans le territoire ?
Il y a 30 ans, s’ouvrait l’ère d’un nouveau processus « spatio-économique » que l’on a appelé « la métropolisation », exprimant la puissance des externalités d’agglomération. Certains territoires sont sortis renforcés par ces mécanismes, à l’image des grandes villes du monde, des hubs internationaux, mais aussi des espaces -y compris ruraux- à la fois résidentiels et touristiques qui ont réussi à capter des flux de richesses créés ailleurs. Ce « modèle » a été largement débattu, controversé… critiqué, y compris depuis la crise de la Covid-19. Appartient-il au passé, sera-t-il transformé, voire inversé par les impacts de la crise sanitaire ?
En fait, l’histoire montre qu’un nouveau modèle n’efface jamais complètement le précédent, et qu’on observe toujours des sédimentations et des hybridations complexes. Il est trop tôt pour savoir si le monde d’après sera vraiment différent du monde d’avant.
Ce qui est certain, en revanche, c’est que nous vivons un changement de cycle qui place la question écologique au centre des enjeux et débats de société. Ce tournant suscite des tensions, engage des visions du monde parfois divergentes, et nous allons vivre avec ces tensions pour un long moment. La question n’est pas tant de savoir qui des métropoles ou des campagnes gagnera, mais plutôt de comprendre comment ce nouveau contexte impactera le régime territorial d’ensemble, dans ses répartitions d’activités mais aussi et surtout dans ses flux et ses modes de relations entre les espaces. L’écologie s’appuie beaucoup, à juste titre sur la mobilisation locale. Mais un enjeu majeur reste celui des solidarités, y compris extra locales.
Parler d’écologie sans économie, c’est aussi paradoxalement mettre sous le boisseau la question sociale. Avec Magali Talandier et Pierre Veltz, seront débattus ces sujets, que Magali introduira autour du concept de résilience, en lui donnant une définition précise, pour sortir du flou qui entoure trop souvent ce mot à la mode. Le débat portera sur d’importants sujets qui sont précisément au point de croisement de l’écologie, du sanitaire et de l’économie et pour lesquels la dimension territoriale est cruciale. Quid des relocalisations industrielles ? Quel avenir pour le télétravail ?
Comment repenser les hiérarchies des métiers et des fonctions urbaines ? Quelles formes démocratiques renouvelées pour articuler les visions locales, nationales, européennes et globales, en mobilisant les énergies ancrées dans les territoires sans tomber dans le travers d’un « néosocialisme» de repli ?
JE M’INSCRIS
MAGALI TALANDIER ET PIERRE VELTZ
Magali Talandier est économiste,
professeure des universités en
urbanisme et aménagement du territoire
à l’Université Grenoble Alpes, auteure
de nombreux ouvrages dont « Résilience
urbaine » et « La résilience des
métropoles »
Pierre Veltz est économiste, grand prix
de l’urbanisme 2017, ancien directeur de
l’administration du Grand Paris et ancien
président de l’EPA Saclay, auteur de
nombreux ouvrages dont « la France des
territoires », « Saclay, genèse et défis d’un
grand projet » et « L’économie désirable.
Sortir du monde thermo-fossile ».
Tour Séquoia, Puteaux