Le parc de Méan-Penhoët naît d’une réflexion paysagère autour de l’histoire industrielle et géologique du site. Après le dévoiement du boulevard des Apprentis, les paysagistes ont imaginé un espace public continu reliant différentes zones – de l’ancien square des Aviateurs à l’ancienne voie ferrée. Le projet mise sur une conception économe, en intégrant des éléments naturels comme une prairie humide et des aménagements pour la gestion des eaux pluviales. À chaque étape, les usagers ont été associés, transformant le parc en un projet participatif où nature et industrie cohabitent harmonieusement. L’aménagement du parc permet d’intégrer le confinement de terres polluées dans un belvédère planté de 2000 arbres, ainsi qu’un ouvrage de gestion des eaux pluviales de 4000 m3.
Genèse du projet, l’hypothèse d’un parc Suite au dévoiement du boulevard des Apprentis qui traverse les chantiers navals, la collectivité identifie plusieurs secteurs à requalifier en interface avec le quartier ouvrier de Méan-Penhoët. La carte géologique révèle l’appartenance du bourg au système d’îles d’un golfe marin aujourd’hui réduit à la Brière. Le square des Aviateurs est le dernier fragment non bâti de l’herbu qui s’étendait de la rue de Trignac aux chantiers. Il est longé par la voie Américaine, ancienne voie ferrée construite en 1917. Les rails ont disparu mais son tracé persiste, conforté par la plantation dans les années 1990 d’un double alignement de Pins. En limite avec le boulevard, un merlon vient refermer le square. Forts de ces constats, nous proposons de considérer les différents secteurs identifiés au programme (un parking, une rue, des arrières de bâtiments, un reliquat de merlon, un square) comme un tout capable de former un espace public à la fois lisible et continu. L’hypothèse d’un parc s’est dès lors traduite par une attention portée aux passages et aux continuités à établir afin d’installer de nouvelles proximités entre des espaces jusque-là séparés les uns des autres à la fois physiquement et symboliquement. Les lieux du projet, de l’esplanade du Pré-Gras au chemin de la Petite Usine Sur la rive sud de la rue de Trignac, le projet s’attache à créer une liaison confortable entre la polarité formée autour des Halles et la future station du BHNS. Le parking existant est supprimé au profit d’un nouvel espace public polyvalent et sportif aménagé au-dessus d’un ouvrage de gestion des eaux pluviales d’une capacité de 4000 m3 réalisé par les services de l’agglomération. Au niveau du square des Aviateurs, les modelés de terres sont écrêtés, les clôtures et mobiliers supprimés afin de dégager une vaste prairie humide ouverte sur l’horizon des chantiers. Le long de la voie Américaine reprofilée, la création d’un quai en acier et en bois équipé de jeux et d’assises vient souligner le bord de la prairie. En limite avec le boulevard des Apprentis, le merlon est épaissi d’une quinzaine de mètres côté quartier et étiré à l’arrière des emprises industrielles afin de confiner in-situ 8000 m3 de déblais. Planté de plus de 2000 baliveaux, il est rendu accessible par une allée longue de 100 mètres et trois volées d’escaliers. La promenade haute est ponctuée d’un belvédère qui offre un point de vue privilégié sur l’activité de la zone de pré-montage. Le chemin de la Petite Usine débouche sur l’avenue de Penhoët et met en lien les ruelles étroites du quartier, perpendiculaires à l’estuaire et au port. Une allée continue en béton d’une largeur constante de 3,5 mètres épouse la courbure historique de cette voie tracée en limite d’estuaire. Le profil est inversé afin d’orienter le dévers à l’opposé des jardins privatifs et de guider les eaux de ruissellement dans un fossé en pied de hangar puis de merlon.
L’AVIS DU JURY
Le parc de Méan-Penhoët se déploie en une succession de lieux de promenade, de pause, de jeux à l’interface entre quartier ouvrier et chantiers. La lecture de l’histoire de chacun des lieux remonte à la genèse des paysages de la Brière : le square des Aviateurs est le dernier fragment non bâti de l’herbu qui s’étendait de la rue de Trignac aux chantiers navals. Avec une approche extensive de l’aménagement et l’association des usagers à chaque étape, la conception fait le pari d’un espace public lisible reliant des fragments jusque-là séparés. Elle s’appuie sur des œuvres picturales partagées avec les habitants. La sobriété et l’évidence des gestes d’aménagement instaure de nouvelles relations avec les paysages monumentaux des chantiers tout en apportant l’échelle domestique nécessaire à ce parc du quotidien.