Plutôt que d’intervenir fortement sur les places, ces lieux classiquement réaménagés, le pari proposé aux élus et habitants, dans une construction commune du projet, a été de passer l’intégralité des villages en zone de rencontre en intervenant par touches. La première économie réside donc dans l’acceptation de ne reprendre à neuf que le stricte nécessaire. A La Paillette, objet de la première phase d’aménagement, cette approche nous a permis de financer des transformations radicales, comme l’ouverture du lavoir et du tennis vers la place, la création d’une fontaine devant les commerces (l’ancienne, étant supprimée lors la démolition partielle du lavoir) et la réalisation d’une descente piétonne reliant le village à son parc, en rive du Lez. C’est l’aménagement d’îles et de frontages jardinés par les habitants, dans la voirie et le long des façades, qui participent à l’ambiance apaisée du village et incite les véhicules à ralentir en pinçant la chaussée. Ces îles redonnent un sol vivant au pied des arbres. Légèrement surélevées, elles accueillent une végétation méditerranéenne et montagnarde en évitant de décaisser profondément le sol. Les trottoirs sont effacés et le nivellement travaillé finement pour la récolte des eaux pluviales, sans étendre les réseaux existants. Une part importante du budget est consacrée à la création d’ouvrages en pierres-sèche, marqueur des espaces de transition ou de liaisons et de la zone de rencontre, pour modifier les pratiques usuelles de l’espace et faciliter les parcours vers les parkings. L’aménagement s’ancre dans une relation forte à son territoire par l’usage de matériaux traditionnels puisés pour l’essentiel à proximité immédiate du village : l’effondrement d’une ancienne carrière en sortie de village offre les blocs et pierres, les galets de la rivière sont employés en calade et en bordures, le BRF réalisé avec les coupes d’entretien des rives vient réactiver une terre végétale inerte stockée là depuis des années. Il s’agissait aussi par l’attention à des savoir-faire anciens de restaurer le lien au Lez, dont les caprices ont fortement impacté la commune en 1993. Le parc des rives s’ouvre à nouveau vers la rivière pour s’y rafraichir à la belle saison. Les matériaux issus du chantier (le béton des trottoirs démontés, les déblais et pierres issus de la démolition, de vieilles bordures calcaires) participent également aux aménagements en réduisant les transports. Le projet a donc consisté en l’invention d’un vocabulaire cohérent avec ces matériaux bruts qui remplacent les mobiliers classiques, mais aussi les bordures, en célébrant l’esprit villageois et le pays Baronniard. Les chantiers de pierre sèche ont été l’occasion de former les habitants et les élus à la mise en œuvre des bordures de massifs et d’écluses, réalisées en chantiers participatifs avec le murailleur. La fontaine neuve est une création des élus réalisé par le tailleur de pierre du village.
PRIX RÉALISATIONS — MENTION SPÉCIALE
Aménagement frugal en Baronnies
Pénélope HAAS
La commune de Montjoux-La Paillette s’égrène en hameaux villageois accolés aux pentes, reliés par une route encerclant la vallée du Lez, dans le PNR des Baronnies Provençales. Elle est un point de bascule vers les cols, vallées et sommets des Baronnies, marqués de falaises calcaires et d’affleurements rocheux. L'enveloppe frugale (300 000 euros pour aménager deux villages et un hameau en y réduisant la vitesse) nous imposait de rompre avec l’approche classique de la maîtrise d’œuvre.
La commune de Montjoux-La Paillette s’égrène en hameaux villageois accolés aux pentes, reliés par une route encerclant la vallée du Lez, dans le PNR des Baronnies Provençales. Elle est un point de bascule vers les cols, vallées et sommets des Baronnies, marqués de falaises calcaires et d’affleurements rocheux. L'enveloppe frugale (300 000 euros pour aménager deux villages et un hameau en y réduisant la vitesse) nous imposait de rompre avec l’approche classique de la maîtrise d’œuvre.