PRIX RECHERCHE — MENTION SPÉCIALE

Jardin bioclimatique, projet de préfiguration d’un espace public minéral

STUDIO MATHIEU LUCAS,
MATHIEU LUCAS

En réponse à une commande publique de conception-réalisation, le projet de préfiguration vise à transformer une place minérale, traversée et très exposée en un jardin ombragé, lieu d’arrêt et de repos. Plusieurs dispositifs temporaires sont déployés sur site et une série de capteurs permet de mesurer les capacités bioclimatiques des aménagements afin d’objectiver la capacité de rafraichissement du jardin et son éventuelle reproductibilité.
Le projet vise à transformer un espace minéral marqué par d’importants îlots de chaleur en un jardin temporaire où retrouver ombre et fraicheur. Afin de renforcer le confort climatique sur la place, paysage et architecture s’associent pour construire un dispositif climatique testé pendant 18 mois, constitué de 3 éléments : une pépinière, un vélum et une série de mobiliers. Afin de mesurer l’impact de ce dispositif sur le climat général du site le jardin accueille capteurs et outils de mesures thermiques, qui viseront à établir un bilan objectif du rafraichissement. Enfin, tout au long de l’expérimentation, le jardin est animé et programmé par un collectif d’artistes. La pépinière permet d’installer de façon temporaire de nombreux arbres sur l’espace public. 133 jeunes arbres de 13 espèces différentes ont été sélectionnés en fonction de leur résistance aux conditions climatiques sur la place. Ils sont transplantés dans de grands pots où ils pourront continuer à croitre en attendant leur plantation définitive au sein d’autres espaces de la métropole. Une strate basse de graminées et de vivaces permet de renforcer la présence de la végétation sur la place tout en conservant l’humidité. Un grand vélum composé de longs voiles tendus abrite la vaste étendue minérale devant la patinoire. Grâce à ce principe de mise en œuvre simple et léger, la structure d’ombrage est un dispositif réversible, une architecture temporaire, saisonnière. La souplesse et la légèreté du textile permet de faire du vélum un objet réactif aux éléments : il ondule suivant le vent, change de couleur selon l’intensité lumineuse et l’orientation du soleil. Au sein de notre équipe, des spécialistes de l’arbre en ville accompagné par un laboratoire de recherche ont disposé plusieurs capteurs permettant de mesurer en temps réel différents paramètres sous le vélum et sur les espaces les plus exposés : – La température radiante – La température de l’air – L’humidité – Les taux de polluants – L’hygrométrie dans les sols – La vitesse du vent Les mesures permettent de déterminer l’influence du projet sur les températures ressenties et l’UTCI (Universal Thermal Climate Index), obtenu à partir de la température de l’air, l’humidité́ relative de l’air, la vitesse du vent et de la température radiante. Cet indice permet d’évaluer le niveau de stress physiologique. Les premiers retours indiquent une baisse des températures radiantes sous le velum de 3 à 4 degrés, une suppression des journées de stress thermique très élevé, une conservation de l’humidité et une baisse de la température de l’air, confirmant l’effet rafraichissant du dispositif. La campagne de mesure s’étendra sur 2 ans pour pouvoir mesurer la capacité de rafraichissement en fonction de la croissance des végétaux. La collecte de données permettra également sur le temps long d’affiner la gestion du microclimat urbain sur d’autres sites minéraux de la métropole et d’étudier la reproductibilité du projet.

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